A la table des Archiducs
Des mets tels que chappon frict avecq une saulce aulx groseilles vertes, cabliau dans une souppe doree, Tourte Reale,
furent vraisemblablement jadis très appréciés par les Archiducs. Le visiteur pourra également les déguster, ainsi que quelques autres plats, avant ou après la visite de l’exposition, dans un cadre baroque spécialement aménagé pour l’occasion.
La carte offre un choix de plats réalisés sur base des recettes contenues dans l’unique exemplaire encore existant d’un livre de cuisine imprimé aux Pays-Bas pendant le règne d’Albert et Isabelle. Il s’agit d’un ouvrage écrit par Antonius Magirus intitulé "Koock-Boeck ofte familieren Keuken-Boeck" publié à Louvain en 1612
A l’époque des Archiducs, Bruxelles était sans aucun doute la plus belle et la plus active des villes du Duché de Brabant. Le raffinement était visible aussi bien à la cour dans le Palais Coudenberg que dans la ville de Bruxelles, qui fut régulièrement le théâtre de Joyeuses Entrées, des processions ou de cortèges. Une visite guidée permet de découvrir le monde d’Albert et Isabelle, le long des rues et des quartiers, parmi les cloîtres et les églises, à travers parcs et places, dans les palais ou les vestiges de ceux-ci. Sous la Place Royale de Bruxelles se trouve par exemple la "rue Isabelle", un passage souterrain privé qui reliait le palais d’Albert et Isabelle avec la cathédrale Saint Michel et Gudule. Elle permettait à Isabelle d’aller se recueillir à la cathédrale dans le calme et la discrétion. Il s’agit du dernier vestige qui rappelle le palais archiducal. Cette "rue", ainsi que les ruines récemment exhumées de la Magna Aula de Charles Quint, sont maintenant accessibles au public, en combinaison avec une visite de l’exposition.
En 1998, nous fêterons le 400e anniversaire du règne des Archiducs Albert et Isabelle comme gouverneurs des Pays-Bas. Ils établirent leur Cour à Bruxelles d’où ils développèrent le cosmopolitisme et une politique de mécénat qui servit de modèle aux autres cours européennes. Les Archiducs financèrent en effet largement le rayonnement du Baroque flamand en s’entourant de peintres de la cour comme Jan I Brueghel et Pierre Paul Rubens. Le siècle de Rubens aurait été inconcevable sans le soutien d’Albert et Isabelle.
Pour marquer cette période d’essor, les Musées royaux d’Art et d’Histoire (Bruxelles) organisent, en collaboration avec la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) et la Sociedaad Estatal para la Conmemoración de los Centenarios de Felipe II (1998) y Carlos V (2000) à Madrid, une prestigieuse exposition au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles. Elle aura lieu du 17 septembre 1998 au 17 janvier 1999. Après Bruxelles, l’exposition ira au Musée du Prado de Madrid.
L’exposition est placée sous le Haut Patronage de Leurs Majestés le Roi et la Reine des Belges et de Leurs Majestés le Roi et la Reine d’Espagne.
Albert et Isabelle et les Pays-Bas
Isabelle, fille du roi d’Espagne Philippe II (et petite-fille de Charles Quint), reçoit le gouvernement des Pays-Bas, en dot, à l’occasion de son mariage avec son cousin Albert, fils de l’Empereur Maximilien II (et par conséquent également petit-fils de Charles Quint).
Le couple archiducal hérite d’un pays déchiré par une guerre civile. Les Pays-Bas sortaient d’une période de révolte, alimentée autant par un mécontentement religieux que par la situation politico-économique, et qui avait pour but de se détacher de l’Empire espagnol. Les provinces du Nord, à majorité protestante, ayant réussi à conserver leur indépendance, évoluaient vers une république commerçante prospère, tandis que les Pays-Bas du Sud revenaient sous l’autorité de l’Espagne catholique, suite aux fructueuses campagnes militaires d’Alexandre Farnèse.
C’est dans ce contexte que les Archiducs Albert et Isabelle en 1598 prennent le gouvernement de nos régions. Après de pénibles négociations , ils aboutissent en 1609 à la conclusion d’une trêve de douze ans avec les provinces du Nord. Joost Van den Vondel et Constantin Huygens ont chanté les louanges des aspirations de paix d’Isabelle.
Albert et Isabelle et le Baroque flamand
La Trêve de Douze Ans (1609-1621) apporta le calme nécessaire à une renaissance politique, économique et surtout culturelle. La Cour bruxelloise et les maisons de campagne à Mariemont et à Tervueren seront des centres culturels avant la lettre. Leur influence explique le développement rapide du Baroque flamand. Albert et Isabelle, par leurs nombreuses commandes, vont faire la renommée de Pierre-Paul Rubens, Jan I Brueghel, Otto Van Veen et Theodore van Loon.